Hein, que c’était bien ?

Freddy Tougaux

L’oeil hagard, le regard perçant derrière ses lunettes quadruple foyers, l’accent – mi carolo mi loup – aussi coloré que le cheveux mais pas trop, Freddy Tougaux illumine nos écrans depuis le début de la crise gouvernementale belge, par ses interventions philosophico-humoristiques. Certaines, il faut l’écrire, sont de véritables bijoux de logique. C’est vrai qu’en 2006, l’homme avait étalé toute sa belgitude au coeur des élections communales, avec son slogan Ready To Go. Freddy, avait ensuite embrayé de manière incongrue à la requête de Benoît Poelvoorde qui visait à se laisser pousser la barbe, tant que le pays ne trouverait pas de solution. Tougaux, lui, choisissait d’appeler la population à se raser les croquignoles, en guise de protestation. Des histoires belges au poil, jubilatoires.

Ce Belge bon ton, a ensuite multiplié les sorties aussi drôles que burlesques (voir son blog), jusqu’à ce jour où il se décide à sortir sur les ondes cet ovni musical. «Ca va d’aller». Lancinant, étonnant, (con)textuellement formidable et opportun. C’était il y a cinq mois. Depuis, « ça va d’aller » a fait le buzz, tant à l’ombre de la Louve que de l’Atomium ou même de la Tour Eiffel.

À cause de Michel

Et puis, voilà que Michel, l’acolyte invisible de Freddy, inscrit le Tougaux à Mon Incroyable Talent, France sur M6. On aurait pu hurler au scandale, au crime de lèse-majesté, mais pourquoi s’en allait-il donc dans cette galère, en France, plutôt que chez nous ? La réponse fuse : «C’est à cause de Michel », répond Freddy. «Il m’y a inscrit sans me le dire à moi-même. Comme c’est mon ami, voyez, Monsieur et Madame Toulmonde, je ne pouvais pas refuseye. Je n’ai pas compris, parce que je n’habite pas en France, mais ils n’y ont vu que du feuy. » On ne trahit pas une amitié comme celle de Michel et Freddy. Ce dernier s’explique d’ailleurs dans la presse.

Ainsi ce mardi 20 novembre, en prime time, Freddy Tougaux montre au public française sa chorégraphie imparable (hochez la tête en rythme au centre, 3 x, à gauche, 3x, au centre de nouveau 3x et puis à droite 3x), embarque Gilbert Rozon le fondateur du festival Juste pour Rire dans son giron et met le feu à la salle. Ca y est, vous y êtes. Trois fois oui. Mille fois oui. Deux millions de fois oui, dites. Les fans ont twitté pendant deux heures sur le phénomène, dont le profil Facebook (si si, il existe) déborde de messages d’encouragements.

Il suffit d’écouter les paroles pleines de bon sens et de se laisser porter par le flow (les flots). Y-a des matins, y’a des matins (bis) où tu sens très bien que ça n’ira pas bien, et puis tu te dis, ça va d’aller, ca va d’aller, ca va d’aller hey. Jamais d’aussi simples paroles – aussi simples soient-elles ou pas – n’auront été ces derniers mois, un aussi fabuleux moyen de ne pas se prendre au sérieux, de rattraper le sourire derrière le masque, de mettre du baume sur les épinards, de choper la banane au détour de cette bouille ingénue. Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir. Mais là où Freddy passe, la morosité trépasse. Et lui même d’espérer atteindre la finale (il passe en tous cas le second tour), avant le 21 décembre, parce qu’en cas de fin du monde, il n’aurait eu qu’une carrière fulgurante.

Peu importe que tu ne sois qu’un personnage – fièrement et grandement incarné par le comédien et graphiste David Greuse – , Freddy. Nous, on t’aime. Fin du monde ou pas, si tu ne devais être qu’une comète, tu serais celle de (ca va) Halley. Et puis, si l’on doit mourir, autant que ce soit de rire. Non ?

Texte : Fab.
Illus : Tougaux/M6

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