Un peu de blanc sur nos tourments

La neige a posé son manteau immaculé sur nos contrées. Un peu de blanc sur nos tourments. D’abord, on râle sur ce pays qui, décidément, n’a pas de chance avec le climat. La chaleur, ça n’est pas pour nous. Puis, on s’émerveille, devant la beauté de ce voile gelé, jeté avec désinvolture sur les défauts paysagers. Les arbres, les bancs, les trottoirs et les pavés, s’accordent soudain sans faute de goût. Enfin on peste, sur ce pare-brise gelé qui nous accapare la moitié d’une bonne heure, l’air idiot, le grattoir à la main, les pieds dans la neige, nous obligeant à souffler sur le bout des doigts avec une frénésie rare.

Une fois la vue dégagée, c’est avec le chauffage qu’il faut se battre. Une écharpe autour du cou. Attendre que les degrés s’amoncellent – en vain – comme des flocons sur notre impatience. La chaleur nous apaise. Alors, avec prudence, on roule. Mais malgré tous nos efforts, on glisse, on dérape, on se contracte au volant. Voilà ce que c’est, démarrer en côte, sur un sol gelé…

Le réseau secondaire n’est pas très rassurant. Comment éviter bordures et fossés, quand les lignes de démarcation se confondent sans possibilité de les distinguer ? Le soulagement succède à l’angoisse lorsque nous pénétrons les grands axes. Services techniques et de voiries ont mis les bouchées doubles (à La Louvière, notamment) pour dégager rapidement – parfois tout au long de la nuit – ces artères fortement fréquentées. La conduite confine toujours à la prudence. D’ailleurs, si le trafic n’a pas été perturbé, d’autres n’ont pas eu cette chance, tels les postiers, qui n’ont pas pu distribuer le courrier dans certaines zones. En Hainaut, huit lignes TEC et quelques lignes ferroviaires ont été perturbées. Il faut se rendre à l’évidence et prendre son mal en patience.

Mais, de temps en temps, la neige a ceci de particulier, qu’elle ramène les gens à hauteur d’homme. Elle les oblige à se prendre en main, à se concentrer sur autre chose que le quotidien. Comme si le temps lui-même était gelé, engourdi, dissipant la frénésie du chaos matinal, atténuant l’écho des klaxons impatients. Suscitant inopinément l’envie de s’arrêter, sur le bord d’une route, de s’asseoir sur un banc et de regarder la neige tomber.

Textes et photo : Fab.

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