Elle est étrange, cette ville. La Louvière. On a souvent affirmé qu’elle souffrait d’un déficit d’image, qu’elle était un paradoxe. Par moments d’une laideur indescriptible; à d’autres, d’une beauté surréaliste. Impossible d’être nuancé : tous ceux qui y passent, transitent, l’aiment ou la détestent. Mais lorsqu’ils s’arrêtent et rencontrent ses gens, tout à coup le courant passe. Car elle est là, la beauté de cette ville qui se refaçonne à coups de pelleteuses : les Loups. Ses habitants. Des témoins. Ou plutôt non, des générations de témoins d’un passé industriel florissant, avant la décrépitude économique.
La Louvière était un hameau de Saint-Vaast, avant d’être une ville. Aujourd’hui, le coeur des gens est bien plus gros qu’une métropole. Une métropole où l’on donne encore du «Bonjour» lorsque l’on se croise en rue. C’est à travers ces coeurs-là qu’elle vit, qu’elle se développe, qu’elle grandit, qu’elle se transforme.
« Le coeur des gens est bien plus gros qu’une Métropole »
Les Louviérois sont en grande majorité issus de l’immigration. Flamande d’abord, Italienne ensuite. Maghrébine, Turque, etc. Saviez-vous qu’il existe quelque 100 nationalités différentes (statistiques communales compilées par le CeRAIC) dans cette ville véritablement cosmopolite ? Un melting-pot de cultures qui ont fini par donner à la langue des saveurs très exotiques. Une langue aux accents ensoleillés, et aux mots qui chantent. Une langue de rencontres et de connaissances, au détour d’une place.
Prenons par exemple la place Maugrétout, sur laquelle trône l’église Saint-Joseph. Un édifice particulier qui ne possède plus de clocher depuis un tremblement de terre, survenu en 1969. Certains diront qu’une église sans clocher, ce n’est pas vraiment joli. Mais prenez le temps de la regarder, de l’observer et vous y verrez une âme. Qu’elle soit incomplète importe peu, car elle se nourrit alors de tout ce qui peut la rendre attrayante. Tout est attrayant si l’on y prend garde. Avec le regard adéquat, l’on peut fabriquer des miracles.
Brosser cent portraits de Louviérois dans le cadre de La Louvière Métropole Culture 2012 – hommes, femmes, enfants, artistes, membres d’associations, médecins, avocats, pompiers, militants, particuliers, musiciens, groupes ou familles – ne vise sans doute qu’à poser un simple regard sur cette ville. Mais à travers ce défi, il s’agit aussi de rendre hommage à chacun d’eux et à travers leurs yeux, à la ville elle-même. Cent battements de coeur au milieu d’une ville. Cent Louviérois. Cent portraits. Cent émotions différentes. A lire, à voir. Pour comprendre. Qui ils sont. Qui vous êtes. Qui nous sommes…
« Une ville se contruit à travers ses habitants »
Fabrizio Schiavetto